Quand les médecins parlent de leur propre santé
Alors que plus de la moitié des médecins interrogés dans une enquête Mutuelle du Médecin / IFOP estiment que la profession est globalement moins bien soignée que le sont les patients, ils continuent d’être leurs propres médecins traitants et avouent, en grande majorité, renoncer à s’arrêter de travailler lorsqu’ils sont malades…
Les médecins se soignent eux-mêmes et soignent les membres de leur famille
Les trois quarts des médecins interrogés déclarent être leur propre médecin traitant. Cette pratique est plus répandue chez les hommes (78%), les généralistes (81%), les médecins exerçant en cabinet individuel (82%) et ceux dont l’expérience est la plus longue (82% au-delà de 30 ans d’exercice), mais reste largement majoritaire pour tous les médecins interrogés…
De la même façon, ils sont 77% à être le médecin traitant d’un membre de leur famille (59% de leur conjoint-e, 57% de leur-s enfant-s, 19% de leur-s parent-s). Sur ce point, on observe une nette différence entre les générations : 57% des moins de 40 ans déclarent être le médecin traitant d’un membre de leur famille, contre 91% pour les médecins de 60 ans et plus !
Des généralistes en plus grande difficulté
76% des médecins déclarent être satisfaits de leur situation professionnelle, exactement comme les salariés français[1]… Sur le quart de répondants qui se dit, quant à lui, insatisfait, on note que ce sont les généralistes qui se montrent les moins positifs (11% de spécialistes insatisfaits contre 34% de généralistes). Par ailleurs, les généralistes sont aussi plus nombreux à avoir pris des antidépresseurs au cours des cinq dernières années (15%, contre 6% pour les spécialistes) et font part d’une moins bonne qualité de sommeil (66% contre 76%).
Des médecins moins bien soignés que leurs patients
Plus d’un médecin libéral sur deux pense que les médecins sont en général moins bien soignés que leurs patients (53%), et ce sentiment est encore plus marqué chez les femmes (65%).
Sur le plan de la prévention, les médecins sont partagés. Pourtant particulièrement bien placés pour les connaitre et les appliquer, plus d’un quart des médecins interrogés (27%) avouent ne pas suivre les préconisations de la HAS (Haute Autorité de Santé) en matière d’examens, de vaccinations… On peut se demander si cela s’explique par une négligence de leur propre santé, ou s’ils ne croient tout simplement pas dans ces mesures nationales de prévention…
Des alertes sur l’état de santé de la profession
Parce qu’il est parfois plus facile de parler des difficultés des autres, quelques questions ont été posées à propos de l’entourage des médecins… Si 14% des médecins se déclarent personnellement concernés par une addiction, la moitié d’entre eux connait un confrère qui en souffre (50%). Plus radicalement encore, un tiers des répondants déclare avoir dans son entourage un confrère dont ils pensent qu’il ne devrait plus exercer son activité du fait de son état de santé (32%). Si ce chiffre est plus bas en agglomération parisienne (19%), ainsi que chez les médecins satisfaits de leur activité professionnelle (28% contre 44% pour les insatisfaits), il reste globalement partagé par tous, quels que soient l’âge ou la spécialité…
Leur métier avant leur santé
Alors que la moitié des répondants répond tout simplement ne jamais avoir pris d’arrêt de travail au cours de sa vie professionnelle, 31% déclarent que pour eux, cela remonte à 5 ans ou plus…
La suite nous donne des pistes de compréhension : 81% des médecins interrogés déclarent avoir déjà renoncé à un arrêt alors qu’ils étaient malades. En priorité, c’est leur conscience professionnelle qui les en a empêchés (à 73%), puis l’absence de remplacement (50%), les raisons financières (39%) ou la volonté de ne pas surcharger ses confrères de travail (34%). Les raisons invoquées diffèrent selon les générations : alors que les médecins de moins de 40 ans déclarent en majorité qu’ils ne souhaitaient pas surcharger leurs confrères de travail, les 60 ans et plus n’évoquent cette raison qu’en dernier, et parlent surtout de leur conscience professionnelle.
[1] Norme de climat interne 2018 – IFOP, réalisé auprès d’un échantillon de 1005 salariés représentatif des salariés français, par questionnaire auto-administré en ligne du 4 au 6 septembre 2018